Bobato arrive à bon port

Bobato ? C'est l'histoire de "deux mecs qui se connaissent depuis qu'ils ont 16 et 18 ans... et en ont désormais 30 et 32". L'explication vient de Félix Desgranges, le plus âgé du duo, à Grenoble depuis déjà plus de dix ans, mais originaire d'Avignon, comme son ami Florian Durant. Lequel précise : "Nous nous sommes en réalité découverts grâce à la musique. On s'est connu en soirée, puis, très vite, en répétition". Anciens d'ULC, un groupe grenoblois de rock prog, les deux potes s'adonnent désormais à la pop. Ils seront à la Source vendredi pour le tout premier (gros) concert de leur jeune formation !


Au départ, il paraît que c'est plutôt Félix qui connaît la musique - ou en tout cas les influences suivies du temps d'ULC. Florian l'affirme, malgré le regard sceptique de son binôme : "C'est un vrai audiophile... depuis l'âge de quatre ans et demi ! Pour moi, c'est arrivé plus tard : j'étais ado quand j'ai acheté mon premier album et n'avais pas vraiment de référence claire quand on s'est rencontré. Dans ma famille, on écoutait surtout Claude François, Mike Brant et Mylène Farmer. Pas des choses stylées comme dans la voiture de la mère de Félix !". En rigolant, Florian admet tout de même quelques plaisirs coupables. Pas pour la K-pop, contrairement à ce que suggère son comparse, "mais c'est vrai qu'il m'arrive encore de me mettre en slip dans ma chambre pour danser sur du rock japonais un peu trop fort". Sans image qui le confirme, je vais le croire sur parole.

Ce qui me paraît cependant garanti, c'est que celles et ceux qui viendront voir Bobato sur scène cette fin de semaine devraient échapper à cet étrange spectacle. Ouf ! Le groupe promet de rester (relativement) sage et tout à fait sérieux pour présenter un set qu'il peaufine depuis maintenant un bon moment. C'est d'autant plus louable que les deux garçons sont autodidactes. "C'est l'un de nos points communs, confirme Félix. J'ai bien pris quelques cours, mais j'ai toujours peiné pour me concentrer, y compris à l'école. J'étais peu assidu au solfège ou dans d'autres activités réclamant un cerveau disponible. J'ai donc bossé au feeling, l'orgue liturgique d'abord, puis la batterie et les logiciels de musique". Florian, lui, n'a pris qu'un seul cours de basse au Conservatoire d'Avignon. Sans plaisir : "Dès la deuxième fois, j'étais avec mon premier groupe à m'user les doigts sur des reprises de Radiohead. C'était moche, mais j'ai l'impression qu'on a progressé". Je n'en doute pas...


Je suis même sûr d'une chose : Bobato joue à présent une musique assez éloignée de celle de Thom Yorke et consorts. N'être plus que deux leur permet, disent-ils, de laisser davantage de place à leurs idées et envies individuelles. L'absence d'un batteur à leurs côtés les a poussés à travailler avec des machines, ce qui a à la fois largement ouvert leur champ créatif et "resserré" leur inspiration. Félix l'explique : "On a du mal à se contenir face à l'océan des possibilités, mais je crois qu'à partir de nos influences (scène actuelle, années 70, électro), nous arrivons encore à faire une soupe à peu près digeste". Florian, quant à lui, trouve sa musique plus simple : "Il n'y a pas si longtemps, nous aurions assurément trouvé inconcevable de ne pas faire de morceau aux mélodies alambiquées ou aux voix improbables. On s'est décomplexé et cela se sent un peu dans la musique que l'on essaye de faire : désormais, on est capable d'aimer un air simple... et on arrête de perdre les gens avec de l'originalité ou de la technicité malvenue. Et nos textes sont en français, pas dans un anglais sans queue ni tête !". OK !

D'après Félix, cela correspond à une envie d'éviter toute forme de pédanterie, tout en conservant une vraie exigence artistique - ce qui ne facilite pas forcément la vie, lorsqu'il s'agit de livrer un morceau fini à partir d'une maquette complexe. Bobato ne laisse plus grand-chose au hasard : ses deux membres s'efforcent de bien gérer les différents outils de communication modernes, même s'ils reconnaissent que ce n'est pas la partie de leur métier dont ils préfèrent s'occuper. Plus soucieux de leur musique que de leur image, ils se sentent parfois un peu dépassés face à des artistes plus jeunes. N'empêche : avant leur montée sur scène, ils réfléchissent tout autant à leurs tenues et aux effets à déployer pour enflammer le public. Sans négliger les vieilles recettes : leur reprise d'un tube de Gold (Capitaine abandonné - 1986) cartonne sur les réseaux sociaux, alors même que la chanson date d'avant leur naissance. Une touche kitsch assumée ! Joueront-ils là-dessus lors de leur premier concert, donné en première partie des Naive New Beaters ? Réponse vendredi...

Bobato - En concert à la Source (Fontaine).
Vendredi 25 mars, 20h30. Set d'une quarantaine de minutes.
Félix et Florian proposeront ensuite leurs EP et les œuvres originales de leur illustrateur, Gol3m.

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Pour les voir et les écouter , vous pouvez...
- vous connecter à leur page Facebook,
- les retrouver dans la Cuvée grenobloise 2022,
- devenir l'un des abonnés de leur compte Instagram,
- aller voir ce qu'ils ont mis en ligne sur leur page Youtube,
- découvrir plusieurs de leurs morceaux sur leur espace Spotify.

Je termine avec mes habituels remerciements...
Vous l'aurez deviné : ils concernent évidemment l'auteur de la photo que j'ai utilisée en tête d'article. Son nom ? Téo Jaffre.

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